OPINION - Carine Knapen
Dans ce monde, la tolérance est perdue depuis longtemps. Les gens sont terriblement intolérants. La seule chose qui compte, c'est leur propre "moi".
Il n'y a plus de patience, de compréhension de la situation de l'autre, le respect et la courtoisie. La hache du jugement et de la condamnation est brandie à tout bout de champ et vous coupe presque littéralement la tête.
L'admiration peut se transformer en une seconde en indifférence ou, dans le pire des cas, en haine aveugle.
Beaucoup de gens souffrent de frustrations et d'insécurités si fortes et si profondes que toutes sortes de phénomènes et de syndromes se produisent de plus en plus souvent, rapidement et plus durement. Il semble que le monde soit rempli de pyschopathes et que la normalité se transforme en anormalité ou devienne la règle plutôt que l'exception.
Aujourd'hui, je vais m'attarder un instant sur la manterruption et le gaslighting dont j'ai moi-même fait l'objet à plusieurs reprises ces derniers temps.
La manterruption est le phénomène par lequel les hommes interrompent systématiquement les femmes lorsqu'elles parlent, les rabaissent et parlent ou marchent sur elles, les font se sentir inférieures en paroles et en actes et imposent simultanément leur volonté et leur pouvoir.
Le Gaslighting, quant à lui, est une forme de manipulation psychologique dans laquelle l'auteur, consciemment ou inconsciemment, vise à perturber mentalement la victime (l'adversaire) en semant le doute sur le bon sens de la victime et en déformant systématiquement certains événements qu'il a causés lui-même de telle sorte que l'autre personne en ressorte comme le grand coupable, le menteur ou le fantaisiste.
Un exemple :
Sur les conseils d'une amie FB, j'ai consulté un médecin à Anvers, spécialisé en médecine orthomoléculaire et - souligné par lui - " célibataire et à la recherche d'un partenaire ". C'est à chaque fois un trajet de 90 minutes pour moi (et un autre de 90 minutes pour le retour) mais j'étais prêt à le faire parce qu'il prétendait pouvoir m'aider.
Lors de la première consultation, l'homme a exprimé son admiration pour ma personne. "J'ai beaucoup d'admiration pour vous, vous êtes une VIP, vous avez fait beaucoup pour les gens alors maintenant je veux aussi faire quelque chose pour vous ; en principe je n'accepte pas de nouveaux patients mais pour vous je vais faire une exception ". Allez, merci beaucoup.
Trois séances plus tard, j'avais déjà perdu 537 euros. La première séance 300 euros, la deuxième 137 euros et la troisième 100 euros. Sans parler de la facture de l'analyse de sang qui n'est pas encore pas arrivée par la poste et dont je ne connais pas les résultats.
L'homme ne déclare pas les consultations à ma mutuelle. Lundi dernier, je lui ai demandé pourquoi. Parce qu'il a 65 ans et qu'il est déjà à la retraite. "Je ne reçois qu'une pension d'environ 1.500 euros par mois, alors je continue à travailler ", me disait-il. Mais je ne devais pas m'inquiéter car " ce que vous récupérez de la mutualité a déjà été déduit de ce que vous me payez ".
Ah bon ? Mais il n'y a aucune trace de toutes ces consultations à la mutuelle, donc en fait je vous paie en noir. Cette plaisanterie coûte donc très cher.
Silence.
Sur le fait qu''il il parle lors de chaque consultation tout de temps de lui-même, de ses hobbies, ses intérêts, de son bateau, maison et de son 4x4 en France, de son ex-copine, de ses démarches auprès de l'Ordre des médecins et qu'à chaque fois qu'il me pose une question (ce qui est fait dans le but d'obtenir des informations pertinentes, non ?), il ne me laisse pas parler, ainsi que le fait que je lui avais déjà demandé plusieurs fois de ne pas m'interrompre mais de me laisser parler, nous n'avons plus reparlé le lundi car ce n'était pas relevant ou en tout cas pas à ce moment là.
Il m'a donné un nouveau rendez-vous le vendredi à 11h30, comme la semaine précédente, en soulignant les deux fois qu'il ne travaille habituellement pas le vendredi mais et qu'il fait une exception pour moi, pour bien faire comprendre l'incroyable faveur qu'il me fait de me recevoir un jour de congé, alors que je ne l'avais pas demandé, tout comme tous les traitements qu'il a décidés sans aucune consultation ou concertation préalable. Il ne m'a pas suggéré à l'avance de faire ceci ou cela, ne m'a pas donné le choix. Ceci et cela est ce dont j'ai besoin pour me remettre sur les lattes. Ok, très bien, faites-le. J'ai posé des questions pendant qu'il faisait le traitement. Qu'est-ce que c'est ? A quoi ça sert ? Pourquoi prennez vous du sang ? Qu'est-ce que vous injectez dans le flacon et pourquoi ? Combien de fois dois-je faire cela ?
Jeudi dernier, un peu avant 8 heures du matin, je voyais qu'il avait pendant la nuit, soit à 1h46, envoyé un texto avec le message : " J'ai vu dans le carnet que vous avez un rendez-vous jeudi à 11h30, parce que .... en fait je ne travaille pas le vendredi.
A 7h56 j'ai répondu " aïe, jeudi ce n'est pas possible, on avait bien un rendez-vous vendredi, annulez alors le rendez-vous".
A 9h35 il m'écrit " j'annule aujourd'hui et je garde demain parce que ils sont notés en double; demain j'irai au club de tir après, si tu as le temps tu peux m'accompagner ".
Je ne me suis donc pas trompé, il y avait bel et bien un rendez-vous vendredi. Rien de double, il n'a jamais été question du jeudi.
Je décide de ne rien en dire et réponds " ok ".
S'il en était resté là, je me serais rendue à Anvers le vendredi ponctuellement à 11h30, mais il en a été autrement.
Jeudi à 13h51, il a envoyé un nouveau message disant que nous avions en fait convenu de nous rencontrer le jeudi et qu'il ne travaille pas le vendredi.
Comme je ne suis pas esclave de mon téléphone, je n'ai vu ce message que le lendemain matin.
Vendredi à 6h54, j'envoie " Je vois que tu as renvoyé un message pour m'annoncer que tu ne travailles pas le vendredi, donc je ne viendrai pas pour que tu puisses profiter de ton jour de congé. Est-ce que lundi est ok alors parce que vous m'avez aussi donné un rendez-vous à ce moment-là même si ce jour est le 1er mai, jour férié. Merci de me le faire savoir à temps.
Pour moi, c'était une chose de réglée. Le rendez-vous était annulé. J'ai mis mon téléphone de côté et suis sortie dehors pour faire autre chose.
À midi, je vois sur whatsapp qu'il a envoyé un autre long message texte à 10 h 51, avec beaucoup de majuscules et de points d'exclamation pour insister sur certains points. Il fallait que je vienne ce jour-là, sinon il faudrait recommencer le traitement à l'ozone. "Alors, même si c'est un peu plus tard, venez, le traffic est un peu plus libre et il n'y a plus d'heure de pointe", a-t-il écrit.
A ce moment-là, je n'avais pas vu les 6 autres SMS qu'il avait envoyés entre 10h51 et 12h.
Je réponds par " je ne vois ton message que maintenant, il est déjà midi, qu'est-ce qu'on fait ? Il me répond " descends, je vais déplacer le club de tir à 15h ".
Je décide de néanmoins partir pour Anvers et j'envoie "en route ".
Pendant que je conduis, deux nouveaux messages arrivent par SMS. Dans le premier, il me demande " quand penses-tu être là ? Je peux alors déplacer mon rendez-vous au club de tir de Kontich " (comment ? Il l'avait déjà déplacé à 15 heures) et immédiatement après un deuxième message " les annulations le jour même sont toujours facturées " (comment ? Il savait que j'étais en route et m'avait dit plus tôt que je devais venir et que ce ne serait pas un problème si j'étais un peu en retard )
A ce moment-là, mon regard s'est également porté sur 6 autre SMS qu'il avait envoyés entre 10h51 et 12h et dans lesquels il était devenu complètement fou parce que je n'avais pas immédiatement répondu à son SMS de 10h51.
J'ai décidé de ne pas répondre et de l'appeler depuis ma voiture pour mettre les choses au clair, car la situation devenait vraiment incontrôlable.
À ce moment-là, je me trouvais près de Louvain, juste avant la sortie du périphérique de Bruxelles, et il y avait donc de la place pour une conversation éclairante.
Lorsqu'il a décroché son téléphone, il était encore plûtot calme. En premier lieu il n'a pas fait de difficulté lorsque j'ai dit qu'en raison des embouteillages, je ne prévoyais d'être chez lui que vers 14 h. Il a commencé son cirque lorsque j'ai annoncé que je devais repartir au plus tard à 17 heures parce que j'avais encore un rendez-vous chez le coiffeur. Il est devenu furieux. Tout d'un coup, le fait que je ne sois pas là avant 14 heures a posé problème parce que, d'un coup, il avait rendez-vous avec quelqu'un au club de tir à 14 heures, il avait déjà appelé cette personne pour reporter leur rendez-vous à 14 h 30, mais nous n'y arrivions pas à cette heure là non plus parce qu'il avait besoin d'au moins une demi-heure pour la thérapie (ce qui est faux, cela ne prend pas 15 minutes), il annulait notre rendenz-vous en indiquant que je n'avais qu'à téléphoner mardi prochain pour prendre de nouveaux rendez-vous et tout recommencer à zéro. et ... et....Il n'a pas arrrêté de m'enguirlander, ça partait dans tous les sens. Comme il n'arrêtait pas, j'en ai eu assez et j'ai dit à un moment "annulez tout, je ne viens plus".
Je ne me laisse pas traiter de la sorte. C'est mauvais pour ma santé. Je dois éviter le stress au maximum.
J'ai quitté la sortie de l'autoroute et j'ai commencé à rouler en direction de Bruxelles, pour une journée de shopping avant ma visite chez le coiffeur.
Quelques instants plus tard, il m'a rappelé. Par politesse, j'ai décroché. Mais voil) qu'il recommeriait à gueuller. J'ai essayé de lui dire à trois reprises que je ne le laisserais pas me traiter de la sorte et que c'était lui qui avait provoqué tout ce désordre avec ses messages, mais il m'a systématiquement interrompue et a continué à s'emporter. J'ai dit " stop ", " stop ", " stop " au moins 10 fois mais il ne m'a pas entendue. J'ai coupé la ligne.
Il m'a rappelé. Par politesse, j'ai décroché à nouveau. La première chose qu'il m'a dite en criant, c'est " tu vas écouter ton médecin, t'as compris ! Tu dois venir ici". Ah oui, ? Je ne dois absolument rien et surtout pas quand c'est fait comme ça. J'ai racroché le téléphone. Il m'a encore appelé deux fois, je n'ai pas répondu. Il s'en est suivi une nouvelle série de SMS de sa main que je n'ai ouverts que ce matin. J'ai toutefois vu les premières phrases apparaître sur mon écran et elles n'annonçient rien de bon. Elles étaient toutes de la même teneur. Il s'est mis dans le rôle de la victime. Je devais payer la consultation parce que je n'avais pas respecté le rendez-vous et je suis ceci et cela, bref il n'a pas fait d'erreur mais moi d'autant plus. Du grand n'importe quoi. Il a continué ainsi jusqu'au soir.
Qu'est-ce que c'est que tous ces hommes qui essaient de soumettre les femmes à leur volonté, en les interrompant constamment lorsqu'elles essaient de dire quelque chose ou de répondre à une question qui leur est posée?
Qu'en est-il de tous ces hommes qui n'assument jamais la responsabilité de leur propre comportement, se comportent comme des brutes et se mettent en colère lorsque vous ne faites pas ce qu'ils veulent ?
Le médecin en question n'est certainement pas le seul dans ce cas. J'en ai déjà fait l'expérience. Récemment encore avec un homme (également du domaine médical) avec qui j'avais aussi un rendez-vous.
J'avais prévu deux fois plus de temps que nécessaire pour me rendre à Meise. La circulation était dense. Je l'ai appelé à l'avance pour lui dire que j'aurais 10 minutes de retard (j'averti toujours à l'avance) et à l'arrivée, je me suis en outre excusé pour le retard, mais l'homme a néanmoins passé les 15 premières minutes à m'engueuler, extrêmement irrité, parce que je lui avais fait perdre son temps. Il n'avait pas écouté mon message téléphonique. Il avait mieux à faire. Et mes excuses, il s'en moquait. Ce n'est que lorsque je me suis levée en disant que je ne supportais pas son comportement qu'il a surgi avec les mots " ok, on est parti sur un mauvais pied ici, on repart à zéro, on ponce le sable ". Pendant la conversation, il m'a lui aussi constamment interrompu. Je n'arrivais pas à dire quoi que ce soit et j'ai dû lui demander plusieurs fois de me laisser parler. Il l'a fait mais je voyais ses mots suspendus derrière ses lèvres. Mes réponses à ses questions ne l'intéressaient pas du tout. Vers la fin, cependant, il a recommencé à parler de mon retard. Quand je lui ai demandé pourquoi il recommençait à en parler,alors qu'il avait dit qu'il avait poncé la chose, cela ne l'a pas incité à s'arrêter. Il m'a raccompagnée dehors et a continué à divaguer jusqu'au trottoir.
Les femmes doivent-elles accepter le comportement décrit ci-dessus de la part d'hommes occupant une certaine position ? Non, certainement pas. Ce sont tous des êtres frustrés qui ne connaissent qu'une seule façon de plier les gens à leur volonté ou pire, de les soumettre, et c'est en affirmant le pouvoir qu'ils pensent avoir mais qui n'est en réalité qu'une illusion.
D'ailleurs, il en va de même pour les hommes qui sont confrontés à de tels comportements malveillants de la part des femmes (car bien sûr, elles existent aussi).
Faire porter aux autres la culpabilité (ou la tentative de culpabilité) de son propre comportement n'est pas acceptable, pas plus que de déverser ses propres frustrations sur les autres.
La décence existe toujours, et ceux qui ne la connaissent pas, sont priés de choisir le premier arbre sur leur chemin et d'y donner un bon coup de pied ( au figuré, bien sûr, parce que les arbres méritent mieux aussi).
Si vous êtes confronté à quelqu'un qui tente de vous manipuler psychologiquement, restez digne, mais ne vous laissez pas prendre au piège. Tracez une ligne de démarcation entre ce qui est permis et ce qui ne l'est pas. Abstenez vous de ceux qui ne respectent pas cette limite. Vous ne perdez rien à laisser ces personnes pour ce qu'elles sont. Au contraire, vous gagnez en amour de soi, en respect de soi et en confiance en soi.
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